Ce mercredi soir, Emmanuel Macron était invité des JT de 20 h de TF1 et France 2 à propos des événements dramatiques du Var et des Alpes-Maritimes. L’ampleur de la catastrophe l’invitait à rester sur un registre solennel et solidaire. Il aura malheureusement profité de l’événement pour aligner des mensonges à propos de sa politique en matière environnementale.
Ainsi, à propos de la prévention des risques, le voilà affirmant sans complexe que « C’est au cœur du travail du ministère de Barbara Pompili, de ses équipes et service en charge de cela ». Au cœur du travail ce devrait l’être si les moyens y étaient or, au contraire, ils n’ont jamais autant diminué que sous le mandat d’Emmanuel Macron. Cette année encore, alors que ce ministère et ses opérateurs sont censés être justement l’outil par excellence d’une bifurcation écologique, le ministère perd encore 947 postes ! Ils se rajouteront aux 3706 postes disparus depuis 2017 !
Pour prendre l’exemple précis des analyses des conséquences du réchauffement climatique sur l’aménagement du territoire, l’opérateur public spécialisé en la matière qu’est le CEREMA (Centre d’Etudes et d’expertises sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement) voit ses moyens et ses effectifs se réduire chaque année au point qu’on peut s’interroger sur sa survie.
Cette année, le budget alloué par l’État ne financera même pas les rémunérations des fonctionnaires d’État qui y sont employés !
Toujours au sujet de la prévention des risques, le corps des inspecteurs n’a lui non plus cessé de diminuer au point qu’en 15 ans, le contrôle des sites a diminué de moitié et qu’un inspecteur a 420 sites à sa charge. Lubrizol n’a rien changé à cette tendance !
Un autre exemple ? Le fonds Barnier. On est là encore au fond du sujet puisqu’il est justement dévolu à la prévention en matière de risques naturels. Lors du Projet de Loi Finance 2020, je sortais satisfait de la commission des finances pour avoir réussi à passer un amendement relevant son plafond de 137 millions d’euros à 180 ! Satisfaction de courte durée puisqu’en séance, le gouvernement fit voter sa majorité contre mon amendement, et le fonds se vit de nouveau doter d’un plafond insuffisant.
Je pourrais malheureusement énumérer longuement les conséquences de cette politique aveugle. Les rapports que je publie chaque année en tant que rapporteur de ces budgets au nom de la commission des finances en font foi. Le prochain, pour le PLF 2021, dessinera malheureusement une situation aussi désolante. En matière environnementale, l’État ne cesse de s’affaiblir.
Mais décidément chaque thème vanté ce soir par Emmanuel Macron valait mensonge, comme pour sa politique en matière de « stratégie forestière » : le gouvernement a continué à fragiliser l’Office National des Forêts dans sa récente « loi de simplification » en autorisant le recours accru de contractuels de droit privé en lieu et place des fonctionnaires de l’office.
Emmanuel Macron peut toujours parler de « résilience », de la résistance aux crises qui serait au coeur du plan de relance, tout cela sent surtout le marketing vert. Ainsi les grandes mesures indispensables à la bifurcation sont absentes : suppression des niches fiscales polluantes, conditions écologiques aux aides versées aux grandes entreprises.. Où sont les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat sachant que 20 % de celles-ci pourraient être de l’ordre du Projet de loi de finance ? On n’en trouve pas trace. Pas étonnant dès lors, là aussi contrairement aux dires du chef de l’Etat, que la France soit loin de ses objectifs de diminution en émission de gaz à effet de serre soit un écart de + 2,9 % en 2019.
Oui, Emmanuel Macron aurait mieux fait de se contenter de rendre hommage aux victimes et à tous ceux qui se sont portés au secours de leurs concitoyens…
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