Un article du Monde publié le 26 mai titré « de la CGT à Greenpeace, une alliance inédite entre syndicats et mouvements écologistes » a suscité pas mal de réactions y compris dans les rangs de France Insoumise. Et pour cause, voilà ce que décrit son chapeau introductif : « A l’exception de LFI et du Npa, la quasi totalité des partis de gauche (PS, EELV? PCF, Génération.s) s’est engagé à signer une déclaration commune pour poursuivre la démarche engagée par la CGT, Greenpeace et Attac ». Et de décrire dans la foulée le plan de sortie de crise en 34 mesures sur lequel le collectif Plus Jamais ça s’est entendu ».

Il y a de quoi s’émouvoir. La France insoumise, première formation à avoir salué en mars la tribune de ces mêmes organisations via une lettre de Jean-Luc Mélenchon, aurait donc tourné le dos à cette construction inédite entre des syndicats et associations ?! On voit là le récit recherché : LFI et Jean-Luc Mélenchon sont décidément isolés, rétifs à tout ce qui peut rassembler, même quand le dit rassemblement se fait entre des associations et syndicats avec lesquels notre formation a coutume à se retrouver dans l’action. Bref chassez le sectarisme, il reviendrait au galop !

La critique serait effectivement fondée. Oui, sauf que tout cela est faux.

Voyons les faits.

Le 26 mai ont effectivement été publiées ces 34 propositions. Vous pouvez, par exemple, les retrouver sur le site de Attac. LFI n’a jamais eu à dire son accord avec celles-ci, pas plus d’ailleurs que les autres formations politiques, puisque le collectif « Plus Jamais ça » n’a pour le moment rien demandé de tel aux forces politiques. Même si c’était le cas, je pense que LFI ne sera d’ailleurs pas le plus gêné pour les approuver puisque bon nombre se retrouvent dans les contributions que nos groupes parlementaires ont publié depuis le début de la crise épidémique. C’est particulièrement vrai des dix mesures d’urgence que nous avions proposé le 20 mai dernier à la première réunion initiées par les associations et syndicats de « Plus jamais ça » et les formations politiques intéressées par leur démarche.

Vous aurez donc compris qu’il n’y a aucune déclaration, commune ou pas, à ce stade, de soutien à ces propositions.

Continuons : il n’y a pas non plus de déclaration « pour poursuivre la démarche engagée par la CGT, Greenpeace et Attac ». Cela signifierait, là encore, que les forces politiques sont appelées à s’engager dans la démarche. Or lors de cette même réunion du 20 mai, le collectif Plus jamais ça a rappelé en préambule qu’il ne souhaitait pas de cadre commun avec les forces politiques. Nous le regrettons, un tel cadre pour le coup inédit, en lien avec les mobilisations des ces derniers mois, s’approcherait, en effet, du concept de fédération populaire que nous avons mis sur la table depuis le printemps dernier. Mais, en tous cas pour le moment, associations et syndicats ne le souhaitent pas. Nous respectons leur choix et le voyons comme un moyen de renforcer tout d’abord leur propre cadre inédit.

A ce stade, j’imagine que le lecteur se demande bien ce qu’a refusé alors de signer LFI. Et bien en réalité, rien qui n’a à voir avec le soutien avec le « collectif plus jamais ça » avec lequel nous continuons à vouloir nous associer dans l’action. Nous serons d’ailleurs représenté à la prochaine réunion de ce type début juin.

Alors à quoi fait référence cet article en travestissant la réalité ? A une proposition de communiqué commun proposé à l’issue de la réunion du 20 mai. Nous avons en effet exclu de le signer. Pourquoi ? Parce qu’il avait pour seul objectif de montrer un front uni des seules formations politiques, du PS au Npa  à travers un contenu minimaliste. Et ce à l’issue d’une réunion dont le point de départ n’était pas la réunion de ces dites formations mais leur dialogue avec les associations et syndicats de “Plus Jamais ça”. Bref, c’était une façon de nous amener à endosser une stratégie « union de la gauche » new age à la faveur d’une réunion sans rapport. Cela nous a amené à mettre les points sur les I et à publier un communiqué indiquant notre totale disponibilité à l’action commune, à endosser ensemble, syndicats, associations et formations politiques, sans exclusive, des mesures d’urgence qui n’en rabattraient pas (j’espère d’ailleurs que nous pourrons parler à la prochaine réunion des dix mesures que nous avons mis sur la table et qui méritent des campagnes communes) mais pas à travailler à une alternative électorale avec des formations politiques avec lesquelles nous n’avons pas soldé les comptes des années Hollande et l’état dans laquelle elles ont amené la gauche au point d’avoir largement discrédité le mot.

 

Je reviendrai sur ces points ultérieurement, sur la fédération populaire plutôt que l’union de la gauche, mais il semblait nécessaire de faire le point pour couper court à ce qui s’apparente à des manoeuvres. Je souhaite pour ma part que ce processus aille jusqu’au bout avec le collectif plus jamais ça, c’est à dire qu’il se révèle UTILE à la période et au moment présent.

Aux dernières nouvelles, ce communiqué commun ne verra d’ailleurs pas le jour, certaines des organisations pressenties pour le signer trouvant contre productif de faire ainsi le tri dans les formations présentes. Pour des tenants de « l’unité » cela ferait en effet mauvais genre.