Le week-end du 11 avril, une révolte avait eu lieu au Centre de Rétention administratif du Mesnil Amelot (77). Les prisonniers réclamaient des conditions sanitaires décentes dans le centre, et leur libération. Des effectifs de CRS y sont alors intervenus dimanche. Monsieur Eric Coquerel a alors fait valoir son droit de visite de parlementaire pour s’y rendre sur place le lundi 13 avril.

Depuis une précédente visite, en 2018, la situation n’a pas beaucoup évolué. Seulement, le nombre de retenus a chuté considérablement du fait des risques épidémiques, notamment les familles retenues sur place. Samedi 12 Avril, ils étaient 52 dont deux femmes contre plus de 120 en temps habituel. Le lendemain, ils n’étaient plus que 45 puisque suite à leur révolte, sept d’entre eux ayant été transférés dans d’autres centres.

Jeudi dernier, lors de la mission d’information sur le Coronavirus, à la question du député Pancher sur la fermeture des CRA en pleine épidémie, Monsieur le Ministre de l’Intérieur a répondu que ce n’était « pas souhaitable » car y restaient surtout des retenus sortant de prison et que les conditions sanitaires étaient respectées.

En l’occurrence, cette affirmation est fausse. Plusieurs des détenus rencontrés ce lundi n’étaient pas en prison avant : ils ont été arrêtés dans la rue depuis le début du confinement et, sans papiers, envoyés ici. C’est notamment le cas du réalisateur roumain Gabriel Alexandrescu qui vit et travaille en France depuis des années, et à qui nous avons pu parler. C’est la preuve que durant l’épidémie des personnes non régularisés continuent à être contrôlés et envoyés dans des CRA. Cet élément a d’ailleurs été confirmé sur place par un fonctionnaire de police.

De plus, les personnes qui viennent de prison, où ils purgeaient souvent pour des peines courtes, ont accompli leur peine. Dans une autre situation, ils auraient retrouvé toute leur liberté. Ils subissent donc au CRA une double peine, en attente d’une éventuelle expulsion si leur recours n’aboutit pas.

Mais pour tous, il s’agit d’une peine bien plus grave : le risque d’être contaminés. Car les conditions sanitaires ne sont pas de nature à lutter contre d’épidémie. Les toilettes et douches sont dans un état de délabrement avancé ; les salles communes, pour regarder la télévision par exemple, ne permettent aucun protection ; les robinets qui sont les seuls accès à l’eau sont propices à la contamination. Aucun détenu ne dispose de masques, de gel hydroalcoolique, de gants. Si le Coronavirus pénètre dans les lieux (plusieurs  personnes étaient malades ce lundi avec des symptômes inquiétants sans qu’il ne soit possible de déterminer s’ils étaient atteints par la maladie), il ne pourra que se répandre parmi les prisonniers.

Les fonctionnaires de police présents ne disposent pas non plus de protection. Eux aussi sont donc soumis à des risques forts de contamination.

Cette situation est clairement en contradiction avec le confinement. Qu’ont fait ces personnes pour être retenues dans ces conditions et courir autant de risques ? Beaucoup vivent et travaillent en France et n’ont commis pour seule faute que ne pas être en situation régulière. Rien qui ne justifie un tel risque pour eux et, par ailleurs, les policiers qui les gardent.

La situation est d’autant plus dramatique, qu’aucun avion n ‘est prévu avant longtemps pour expulser quiconque. Les retenus demandant donc simplement à pouvoir rentrer se confiner chez eux.

Tout indique que la situation est comparable dans d’autres centre de rétention. On a notamment dénombré quatre cas de Covid19 à Vincennes. Dans ces conditions, Eric Coquerel demande donc à M. le Ministre de l’Intérieur quelles mesures il compte entreprendre afin de prendre la seule décision à la fois humaine et logique :  fermer le plus rapidement ces centres durant l’épidémie de COVID-19.