Comme j’ai eu « l’honneur » des piques de l’émission le Quotidien et du Canard Enchainé à ce propos, je voudrais ici faire une mise au point une bonne fois pour toutes sur mon positionnement avant le 1er tour des municipales. Cela permettra aux journalistes de bonne foi de donner des informations justes et à celles et ceux qui auraient pu être ébranlés de se rassurer.

Le Canard enchainé, reprenant l’attaque de Quotidien, lui-même reprenant la propagande de la macronsphère sur les réseaux sociaux, me renvoient, lorsque j’explique avoir demandé l’annulation du 1er tour des municipales, mon passage sur Europe 1 le 10 mars.

En effet, et je ne l’ai jamais caché, le 10 mars sur Europe 1 je reprends les arguments du gouvernement sur la tenue des municipales. Remettons ce passage dans son contexte : à ce moment du côté de LFI, nous sommes pour ne pas rajouter de la pagaille à la crise. Tout en critiquant la politique d’austérité en matière de santé publique, nous ne remettons pas en question les décisions du gouvernement. En gros, nous lui faisons confiance sur la gestion de la crise.

Or, à ce moment-là, les déclarations officielles ne laissent pas présager de l’imminence et de l’importance de l’épidémie. Le 3 mars, Emmanuel Macron explique encore qu’il « est trop tôt pour dire la France passera au stade de l’épidémie ». Quelques jours auparavant, le Préfet du 93 détaille aux parlementaires du département le nombre de contaminations dans celui-ci soit… trois seulement. Je ne sais pas, par exemple, que fin janvier Agnès Buzyn partait du gouvernement en prévenant de l’imminence du tsunami et en questionnant les municipales. Bref j’étais naïf.

Dès le 12 mars au soir, je changeais d’avis.

Plusieurs raisons à cela : d’une part l’allocution du chef de l’État qui, pour la première fois, alertait enfin le pays sur la gravité de l’épidémie à venir. On raconte qu’il avait failli annoncer le report des municipales ce soir-là -je l’aurai accueilli avec soulagement. Sur le terrain, en effet, tout me confirmait la gravité de ce qui nous attendait. Je découvre par exemple qu’une liste à Saint-Ouen comprenait déjà plusieurs personnes testées positivement. J’apprends avoir baigné dans une sorte de cluster à l’Assemblée nationale où se sont déclarés plusieurs cas parmi les députés et les fonctionnaires, sans que l’on sache l’étendue des dégâts faute de tests.

Dans la foulée de la déclaration du chef de l’État, tout le monde parle de l’annonce imminente du confinement. Comment dès lors imaginer qu’une campagne électorale où, par nature, tout est contraire aux règles de distanciation sociale (réunions, distribution de tracts, porte-à-porte, tenue des bureaux de vote, dépouillements), pouvait être maintenue ?

Je déclarais le 13 mars sur France Info TV, au micro de Gilles Borstein, que je ne comprenais pas ce maintien même si je précisais ne pas vouloir polémiquer.

Je réagissais plus durement à la déclaration d’Edouard Philippe le samedi 14 mars peu avant 20 heures. Le premier ministre annonce alors pour la fermeture des restaurants, bars, cafés et terrasses. Je trouve alors totalement irresponsable de fermer dans l’urgence tous ces lieux, et dans le même temps de maintenir les votes dans les bureaux de vote de 35 000 communes en conseillant juste les gestes barrière !… Et ce alors que le confinement est imminent et que le report du 2ème tour est certain. 

Par tweet je réagis immédiatement en demandant l’annulationTweet et position relayés d’ailleurs par une dépêche rappelant que nous sommes quelques responsables politiques, dont six présidents de région, à avoir dénoncé ce maintien :

ARTICLE DE FRANCE BLEU

ARTICLE DE PUBLIC SÉNAT

J’ai donc bien été un des élus à demander l’annulation des municipales. Et j’ai eu raison quand on regarde le nombre de contaminations,  et malheureusement de victimes, dû à ce maintien. Jean-Luc Mélenchon me rendait d’ailleurs hommage, ainsi qu’à mon collègue Loïc Prudhomme qui était sur le même positionnement, le 5 avril au Grand Jury RTL-Le Monde. Il expliquait ne plus avoir confiance dans le gouvernement et regrettait de l’avoir été pour les élections municipales. Il expliquait regretter ne pas nous avoir suivis, Loïc et moi, pour demander l’annulation des élections, puisque ce 14 mars nous avions également défendu cette position au sein du groupe parlementaire LFI.

Voilà les faits. Une fois rappelés, ceux qui veulent les déformer continueront surement à le faire mais au moins chacun saura que cela s’apparente plus à de la calomnie qu’à de l’information.