Retrouvez ma question écrite adressée à Christian Castaner sur la situation des CRA, et la nécessité de les fermer pendant la crise sanitaire :

QUESTION ÉCRITE À CASTANER

 

Ce week-end pascal nous apprenions qu’une révolte avait eu lieu au Centre de Rétention administratif du Mesnil Amelot (77). Les prisonniers réclamaient des conditions sanitaires décentes dans le centre et leur libération. Les CRS sont intervenus pour rétablir « l’ordre » dimanche. J’ai utilisé mon droit de visite de parlementaire pour m’y rendre lundi en compagnie de Pascal Troadec, élu de la ville de Grigny, et de mon assistante parlementaire Manon Monmirel. Nous y sommes restés deux heures. J’avais déjà visité ce centre en 2018. La situation n’a pas beaucoup évolué, bien que le nombre de retenus ait considérablement chuté du fait des risques épidémiques, notamment pour les familles retenues. Samedi, ils étaient 52 dont deux femmes contre plus de 120 en temps habituel. Lundi, lors de notre arrivée, ils n’étaient plus que 45 puisque, suite à leur révolte, sept d’entre eux ont été envoyés dans d’autres centres.

Jeudi dernier, lors de la mission d’information sur le Coronavirus, à la question du député Pancher sur la fermeture des CRA en pleine épidémie, le ministre Castaner a répondu que ce n’était pas souhaitable car y restaient surtout des retenus sortant de prison et que les conditions sanitaires étaient respectées. Je peux témoigner que c’est faux.

D’une part plusieurs de ceux vus ce lundi n’étaient pas en prison avant : ils ont été arrêtés dans la rue depuis le début du confinement et, sans papiers, envoyés ici. C’est notamment le cas du réalisateur roumain Gabriel Alexandrescu qui vit et travaille en France depuis des années. C’est la preuve que durant l’épidémie des personnes non régularisées continuent à être controlées et envoyées dans des CRA. Un policier nous l’a d’ailleurs confirmé. D’autre part, les personnes qui viennent de prison où ils purgeaient souvent pour des peines courtes, se retrouvent aujourd’hui dans le centre. Dans une autre situation, ils auraient retrouvé toute leur liberté. Ils subissent donc au CRA une double peine, en attente d’une éventuelle expulsion si leur recours n’aboutit pas. Mais pour tous, il s’agit d’une peine bien plus grave : le risque d’être contaminés. Car les conditions sanitaires sont tout simplement intolérables en temps d’épidémie. Les toilettes et douches sont dans un état propice à la contamination tout comme les robinets, seuls points d’accès à l’eau ; aucun moyen de protection n’est mis en place dans les salles communes pour regarder la télé par exemple. Et bien évidemment, personne -ni les agents ni les retenus, ne dispose de masques, de gel hydroalcoolique, ou de gants. Si le Coronavirus pénètre dans les lieux (deux personnes étaient malades ce lundi avec des symptômes inquiétants sans qu’il ne soit possible de déterminer s’ils étaient atteints par la maladie), il ne pourra que se répandre parmi les retenus. Pas seulement d’ailleurs, puisque les policiers présents ne disposent pas non plus de protection. Eux aussi sont donc soumis à des risques forts de contamination. Ils ont apprécié les masques que nous leur avons remis comme à tous les retenus. Ce sont les villes de Grigny et La Verrière qui, par solidarité, nous les avaient remis à cette fin, nous permettant également d’être nous-mêmes équipés. Si officiellement aucun cas n’a encore été testé au Mesnil Amelot, ce n’est pas le cas du centre de Vincennes.

Les personnes retenues nous ont clairement dit que leur révolte n’avait pour but que d’attirer l’attention sur leur angoisse et leur situation. Une situation clairement en contradiction avec le confinement.

Qu’ont fait ces personnes pour être retenues dans ces conditions et courir autant de risques ? Beaucoup vivent et travaillent en France et n’ont commis pour seule faute que ne pas être en situation régulière. Rien qui ne justifie un tel risque pour eux et, par ailleurs, les policiers qui les gardent. La situation est d’autant plus ubuesque qu’évidemment aucun avion n’est prévu avant longtemps pour expulser quiconque. Les retenus demandant donc à pouvoir rentrer se confiner chez eux (la plupart de ceux qui étaient au centre ce lundi ont des foyers en France et des familles). Je demande donc à Christophe Castaner qu’il prenne la seule décision à la fois humaine et logique en fermant le plus rapidement ces centres pour la durée de la crise.   LA VISITE D’ERIC COQUEREL ET PASCAL TROADEC AU CRA DU MESNIL-AMELOT :